En Haïti, un proverbe populaire stipule que « Mennenkoulèv la lekol se youn, fè li chita se de ». La constitution de ce nouveau Conseil Électoral Provisopire dans les circonstances actuelles laisse croire que les conseillers électoraux vont devoir tenir la lune sous leurs dents afin la mettre sur un plateau doré.

La gouvernance d’un état moderne au 21ème siècle préconise la mise en place des structures permettant de gérer les affaires de la cité. Le choix des dirigeants, d’une certaine mesure se fait par les voies démocratiques selon les règles définies et acceptées tant par les gouvernants et par les gouvernés.

La démocratie désigne un système politique dans lequel les citoyens de la cité exercent leur droit de participer de prêt ou de loin dans les décisions permettant d’orienter leur destiné. Le moyen le plus efficace par lequel l’exercice de ce droit sera possible n’est autre que les élections.

L’organisation des élections dans un système démocratique préconise la mise en place d’un organisme de gestion électorale (OGE) qui mettra en branle ce qu’on appelle le système électoral.

En Haïti, cet organisme est connu sous le nom de Conseil Électoral Provisoire/permanent. Le terme système électoral est la traduction des suffrages exprimés, lors d’une élection générale/partielle, en sièges remportés par les différents partis ou candidats.

Après plusieurs semaines d’attente, un nouveau Conseil Électoral provisoire est constitué. Il a la lourde charge d’organiser les prochaines élections dans le contexte que nous savons tous. La mission de Conseil n’est pas facile et est confrontée à sa genèse des défis énormes auxquels il doit relever.

De manière non exhaustive, le Conseil va devoir aborder avec sérénité les principaux enjeux techniques suivants :

– Élaborer un calendrier électoral de manière à organiser des élections en 2021;

– Constituer un registre électoral;

– Créer l’impossible

Abordons chaque enjeu dans ses caractéristiques particulières.

Le calendrier électoral. Selon les lois et les décrets de loi précédents, le conseil est dans l’obligation d’élaborer un calendrier dans lequel les différentes phases du processus sont élaborés ainsi que le chronogramme d’activité devant démarrer et clôturer le cycle électoral. L’élaboration de ce calendrier dépend de la capacité opérationnelle de l’Office d’identification nationale à lui fournir les données d’électeurs permettant de constituer sa base de données. Entre autres, la confiance des acteurs directs impliqués dans le processus est indispensable car l’OGE travaille pour ces derniers (Partis politiques et votants).

Le Registre électoral

Le registre électoral constitue la pierre angulaire sur laquelle est édifié le processus électoral. Ledit registre contient de manière non discriminée l’ensemble des citoyens en âge de voter avant la fermeture du registre, soit 90 jours avant la date du scrutin. L’office d’identification nationale avait pour mission de remplacer plus 6 000 000 de cartes d’identification nationale par le nouveau système mis en place, communément dénommé Carte Dermalog. Non seulement l’ONI devait remplacer les anciennes cartes, il doit aussi procéder à l’inscription des nouveaux citoyens. On peut déduire que le prochain registre électoral avoisinera 8 000 000 d’électeurs. Considérant la faible capacité opérationnelle de l’ONI, certains experts se demandent comment ce nouveau Conseil parviendrait à constituer un registre intègre, non redondant et inclusif susceptible d’organiser les prochaines joutes électorales en 2021?

Créer l’impossible. Les 6 000 000 de cartes de l’ancien système que l’ONI était appelé à remplacer par le nouveau système n’est pas encore à 25% de sa réalisation. La faible capacité de production de l’ONI laisse présager que dans deux ans, il ne serait pas en mesure de doter le Conseil Électoral les informations nécessaires pour la constitution du registre. Étant donné que l’élément clé dans un scrutin est la formule mathématique utilisée pour calculer la répartition des sièges ainsi que la magnitude des circonscriptions et la création des centres de vote par rapport au nombre de votants, il parait que dans les circonstances actuelles le CEP va devoir trouver une formule non mathématique pour solutionner ce problème ou de faire mentir les mathématiques comme science exacte.

Pour essayer de trouver une solution à ce problème, nous proposons à ce que les gouvernants dégagent un budget de plus de 100 000 000 millions de dollars dans une période d’un an pour renforcer la capacité technique et opérationnelle de l’ONI et de trouver un consensus minimal entre les acteurs de manière à organiser les prochaines compétitions électorales en 2022. Il est souhaitable que les politiques consultent les vrais experts aux questions électorales pour trouver un issu favorable au bénéfice de la collectivité.

Auteur: Bolivar Louis

Expert en Cyber Sécurité

Expert aux questions électorales

Courriel: bolivarlouis@hotmail.com