Cap-Haïtien, htpps://www.lemiroirinfo.ca, Lundi 06 Avril 2020

En effet, celle qui occupe actuellement le portefeuille du ministère de la condition féminine et aux droits des femmes, a entamé sa carrière professionnelle, en tant que simple auxiliaire-infermière,  au Centre de santé de la Fossette, situé à  Cité Lescot, banlieue Sud de la métropole du Nord, à Cap-Haitien, au début des années 80.

En dépit des multiples études parachevées et des postes brigués, par la suite, cette femme authentique de la cité christophienne, n’avait jamais abandonné son premier amour, les soins infirmiers. Pour elle, prendre soins des malades, dans la petite communauté vulnérable de la Fossette est plus qu’un métier. C’est un sacerdoce.

Marie Ghislaine Mompremier  a vécu sa tendre enfance à l’Acul du Nord, ce petit  bourg historique du département du Nord, au paysage pittoresque, perché entre la mer et les montagnes perdues de la Soufrière.

Née un 27 avril, Marie Ghislaine Mompremier est la benjamine d’une famille de 4 enfants, 3 filles et un garçon. Fille de paysans, elle a hérité de ses parents le goût de la réussite au prix des sacrifices.

Pour ses parents, la seule réussite d’une fille de campagne passera inévitablement par l’école. «L’éducation élève l’homme à la dignité de son être», ont-ils l’habitude de nous rappeler à longueur de journée.

Ainsi, très jeunes, la petite Lèlène, pour les intimes,  entame avec brio ses études primaires, à l’école baptiste du Haut Limbé, non loin de l’Université Chrétienne du Nord d’Haïti (UCNH), à Limbé, commune située à une trentaine de kilomètres, au Sud de la ville du Cap-Haïtien, sur la nationale  # 1.  

Après son brevet d’auxiliaire, la jeune adolescente est nommée au centre de santé de La Fossette. Nous sommes en 1980.

Mais, les aventures pédagogiques de celle qui allait connaître, un peu plus tard, une carrière professionnelle époustouflante, ne s’arrêtent pas là. 

Quelques années plus tard, la jeune Marie Gislaine Mompremier décide de poursuivre ses études classiques. Son rêve, devenir une universitaire atypique.

Elle a donc partagé ses quatre dernières années d’études secondaires entre une école secondaire pour adultes et le lycée National Philippe Guerrier du Cap-Haitien, où elle a obtenu son baccalauréat de deuxième partie.

Son talent, son intelligence et son dynamisme lui ont valu l’honneur d’être boursière à l’école des infirmières de la sagesse du Cap-Haïtien, où elle a entamé avec perspicacité ses études en sciences infirmières.

Étudiante brillante à l’école des infirmières, elle a attiré tous les regards. «En deuxième année en sciences infirmières, Le Docteur Luc L. Colas, m’a conseillé de m’inscrire à la Faculté de Droit. Il m’a donné les frais d’inscription pour que je m’inscrive sur une liste d’attente. J’ai été parmi les lauréats dans le concours d’admission à la Faculté», se souvient, la militante féminine.

 Ainsi, en 1993, Marie Ghislaine Mompremier est diplômée en sciences infirmières. Au cours de la même année, elle a été en stage au service de psychiatrie à Port au Prince. Puis, elle est revenue dans sa ville natale, pour continuer à offrir ses services à titre d’infirmière.

L’actuelle Ministre à la Condition Féminine et aux droits des Femmes, (MCFDF), est aussi une avocate de carrière et membre actif du barreau du Cap-Haïtien, depuis 2003. 

En effet, membre du conseil de l’ordre des avocats de cette juridiction, Me Mompremier, comme on a l’habitude de l’appeler à la basoche, est détentrice d’un maitrise en Droit international et action humanitaire et aussi d’une double licence :  l’une en Droit et l’autre en sciences infirmières

 L’infirmière-avocate  a également obtenu un diplôme spécialisé en Programme de Coaching pour le renforcement du leadership féminin.

À Cap-Haïtien, madame Gislaine Mompremier, est connue de tous. En plus d’être une femme responsable, elle est aussi une infirmière respectueuse des normes de Florence Nightingale, une avocate, disciple de Saint-Yves, son patron,  et une politicienne aguerrie.

 En plus de tout cela, la cinquantenaire, consacre une bonne partie de son temps à l’enseignement. «  Je dois léguer à la génération montante les bonnes notions que j’avais reçues de mes prédécesseurs » se contente-elle de déclarer avec fierté.

En dépit de son poste de ministre, Me Mompremier continue d’enseigner. Elle est actuellement professeure émérite en droit du travail et des affaires, à l’Université Chrétienne du Nord D’Haïti.

 De 2011 à 2017 elle a enseigné le droit infirmier à l’école des infirmières Notre dame de la Sagesse et à l’université Roi Henry Christophe, de la cité christophienne.

Nommée en 2005, Coordonnatrice départementale du Nord au Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), Madame Marie Ghislaine Mompremier, a assuré la mise en œuvre des mesures de promotion et de défense des droits des femmes et de la généralisation de la dimension genre. Ce poste occupé pendant plus de cinq ans lui a permis de contribuer à l’amélioration du statut des femmes et surtout à leur implication dans les affaires politiques du pays.

De 2010 jusqu’à son ascension au poste de ministre à la condition féminine et aux droits de la femme, Marie Ghislaine Mompremier  a occupé le poste de chargée des affaires juridiques, auprès dudit ministère.

Cette fonction a augmenté ses efforts tendant vers l’éducation et la formation des différentes strates de la population sur des thématiques axées sur l’égalité des femmes et des hommes dans les programmes de développement  communautaire.

Sa spécialisation dans le domaine de la santé lui a aussi permis d’offrir ses services dans le domaine médical à titre d’infirmière de ligne au Centre de Santé de la Fossette et à l’hôpital Universitaire Justinien du Cap-Haïtien pendant 25 ans, de 1980 à 2003.

Défenseure des droits humains, l’avocate militante, a fait de la promotion et de la protection des droits des femmes et des filles son cheval de bataille, en tant que femme politique.

Son bagage intellectuel, social et moral lui ont permis en maintes occasions de prodiguer des conseils et avis aux associations sociocommunautaires.

Aussi a-t-elle mis ses expertises à titre de bénévole en coaching et en appui-conseil juridique au profit de la Génération des Citoyens engagés pour le Relèvement D’Haïti, GCER-HAITI. Cette structure associative évolue dans la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles.

Miss Marie Gislaine Mompremier, communément appelée en milieu hospitalier, a également travaillé aux côtés de l’Asosyasyon Fanm Solèy DAyiti, (AFASDA), comme conseillère juridique.

Sa détermination pour le relèvement d’Haïti son pays, lui a conduit en  deux occasions, à se porter candidate aux élections sénatoriales, dans l’objectif de briguer un siège au Sénat, pour le département du Nord, où elle a été admise toutes les deux fois, au second tour. Malheureusement, la nature n’a pas encore voulu qu’elle accède à cette prestigieuse fonction élective.

Ardente partisane de la rigueur, de la discipline et de l’intégrité scientifique, Marie Ghislaine Mompremier accorde une importance particulière au respect des droits des femmes.

 À ce jour, elle continue à œuvrer, en tant que citoyenne responsable et professionnelle irréprochable, à la promotion d’une société haïtienne inclusive, libérée de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles et des violences basées sur le genre.

Elle pense fermement que l’application de principes d’équité et d’égalité des femmes et des hommes dans tous les programmes de développement durable, est un atout incontournable pour le renouveau d’Haïti.

Le côté hospitalier et humain de la native de l’Acul du Nord, qui est l’actuelle patronne du ministère à la condition féminine et aux droits des femmes, attire sur elle beaucoup d’amours et d’admirations.  Chacun de ceux et de celles qui l’ont côtoyée pour la première ou qui ont l’habitude de travailler à ses côtés, a une perception toute particulière pour son caractère et  sa capacité multidimensionnelle.

«Ce que je peux dire à propos de Marie Ghislaine, c’est une personne exceptionnelle qui a toujours fait preuve d’une bonne collaboratrice et quand elle est avec toi elle est capable de te défendre du bec et des ongles. Elle n’a pas peur de te cracher la vérité aussi brutale soit-elle. Si tu la poses une question à laquelle elle ne veut pas opiner, elle se contente de sourire. Elle est rigoureuse et disciplinée. Ce qui en fait sa force n’est pas d’ordre matériel mais c’est sa ténacité», témoigne madame Elvire EUGENE, directrice exécutive de l’Asosyasyon Fanm Solèy DAyiti (AFASDA), qui  a travaillé depuis de longues années aux côtés de Me Mompremier, soit à la direction départementale comme partenaire du MCFDF ou au sein de l’AFASDA, ou Me Mompremier a offert ses consultations juridiques.

C’est presque les mêmes sentiments d’admiration et de respect  qui traversent madame Regine Marie Tessa Z. Diègue, lorsqu’ il s’agit de dresser le portrait de cette dame, au parcours exceptionnel.  «Je n’ai pas travaillé directement avec Marie Gislaine mais je sais qu’elle est dynamique, déterminée. Elle est avocate et elle est une militante très engagée pour le respect  des droits des femmes», raconte cette employée du bureau régional du Secrétaire d’État à l’intégration des personnes handicapées.

Pour sa part, Wilfrid Oretienne, ancien cadre des Nations Unies, vante l’altruisme d’une défenseure des droits des plus faibles. «Marie Ghislaine Mompremier est une collaboratrice extraordinaire, elle est toujours prête à  accompagner les  personnes les plus vulnérables, prête à accomplir son devoir avec les moyens du bord. Elle favorise le travail en équipe, elle respecte la diversité» révèle cet ancien fonctionnaire des Nations-Unies.

Wesly Dorvil, directeur exécutif du Collectif pour la Réduction des Injustices Sociales (CRIS), a aussi des souvenirs inoubliables de ses relations professionnelles avec madame Mompremier. «Son sens de leadership et son élan à travailler avec les femmes m’ont poussé à l’admirer. Elle m’a inculqué le sens du partage, de l’esprit d’équipe et de la probité intellectuelle» a-t-il fièrement déclaré.

Carol Muscadin, directeur régional Nord du bureau du Secrétaire d’État à l’intégration des Personnes Handicapées, dit découvrir en madame Marie Ghislaine Mompremier, une personne rigide dans les applications des règles et qui travaille sans relâche pour atteindre les objectifs visés au préalable. «Elle est toujours à l’écoute de l’autre»,  a renchéri Me Muscadin, qui espère que ce nouveau poste va renforcer davantage son désir de servir sa communauté et sa patrie.

En résumé, nous estimons qu’en dépit de tout (appartenance politique et autres), nous devons  saluer le courage, la détermination et la patience de Me Mompremier, dans un pays où les valeurs tendent à disparaître et la course aux facilités devient la règle.

L’accession au poste de Ministre à la Condition Féminine  et aux droits des femmes de cette grande figure du Nord qui a fait carrière dans l’administration publique et a su tailler sa place dans la société , est le couronnement de longues années de sacrifices consentis,  quand on se rappelle qu’elle a démarré sa carrière comme simple  auxiliaire dans les années 80. «Rien de précieux ne s’obtient sans sacrifice. Puis la valeur de l’être humain ne dépend pas de son origine mais de ses capacités à tailler une place dans le corps social et à être utile à sa communauté» a souvent répété le poète et journaliste Quetony SAINT-VIL.

C’est une preuve qu’il y a encore de l’espoir pour des bosseurs et les efforts sont quand-même récompensés dans ce pays «en chute libre». Nous pensons que, tenant  compte de son parcours et de sa patience, on peut la présenter sans ambages à cette génération montante qui est en quête de référence, comme un modèle de patience, de courage et de réussite à suivre.

 Nous espérons que Me Mompremier va rehausser la fierté christophienne qui tend à disparaître, au cours de son passage à la tête dudit Ministère. Tout en lui souhaitant du succès dans sa nouvelle fonction que nous espérons qu’elle va d’ailleurs exécuter avec brio, nous lui présentons d’ores et déjà une fière chandelle.

La rédaction