
Hinche, https://www.lemiroirinfo.ca, Mercredi 08 Juillet 2020
Il se tinte le glas !
Avec l’affluence in extremis des Corporations de Magistrats, se dessine indubitablement le croquis d’une Magistrature prestigieuse avec des Magistrats vraiment fiers de leur rang.
La balle est lancée, et elle poursuit sa trajectoire irréversible vers des lendemains plus alléchants pour la Magistrature en Haïti.
On a tout fait pour dévaloriser les magistrats. On encourage volontairement leur propension à la corruption chronique. La vénalité de la magistrature s’impose bien comme la règle au point que c’est la honte et l’extrême audace de vouloir s’identifier à un magistrat haïtien. C’est la pire méconnaissance des magistrats qui ne font plutôt que s’engloutir et se perdre dans ce bourbier de fange.
Optimistes, déterminés, désireux de mieux faire pour changer la donne, les magistrats se réveillent en sursaut pour dire non.
Non, à la magistrature corrompue que même les instances concernées se plaisent vilainement à alimenter ;
Non, aux discriminations, corollaire des frustrations internes de toutes sortes ;
Non, aux disparités de traitement de nature à créer la grogne interminable, source vive de confusion interne et des frustrations immenses justifiées qui jettent dans la pagaille et le désarroi le monde de la magistrature en général, pour l’empêcher, de fait, de bien s’acquitter de sa mission sacro-sainte de dispenser la Justice dans la plus grande sérénité.
Non, pour des magistrats à exercer dans des taudis ou des locaux de fortune nettement inappropriés à l’exercice de la fonction, avec des mains vides, sans même un bouquin de référence, et des infrastructures conformes aux réalités du moment.
Non aux révocations abusives, anticipées, et plus d’une fois, injustifiées, en dehors même des normes édictées pour régir la matière.
Oui, on ne va pas m’en vouloir parce que quand on se refuse délibérément à couvrir les magistrats du traitement digne de leur rang, ne fait-on pas qu’attiser chez eux la flamme de la corruption et de l’immoralité ? N’en est-on pas à encourager aussitôt l’impunité, source inépuisable de pure anarchie et de méfiance ?
Le salaire de misère des magistrats, les discriminations et frustrations internes outrancières, leur mode de désignation toujours arguabl, bref, la mésestime même de ceux qui devraient d’abord comprendre leur importance incontournable dans le tissu social.
Tout conscients de cette déchéance si ostensible qui macule en profondeur la solennité, la noblesse et le prestige dont doit être empreinte la magistrature dans toute société, les magistrats eux-mêmes s’accordent pour imposer une nouvelle image et apporter du sang neuf à la Magistrature en Haïti. Ils assument le fait que les affaires de la Magistrature ne doivent grandement relever que de la compétence des magistrats eux-mêmes. Et fort heureusement, ils ne se trompent pas d’adresse.
Qu’ils ne s’incorporent pas pour encourager la corruption, la désinvolture, l’amateurisme, la laideur, la vassalisation, l’insouciance, la mésestime, et la médiocrité sonore qui caractérisent ponctuellement notre magistrature.
Oui, on a tout fait pour que notre Magistrature connaisse ce statu quo alarmant et si nauséabond. On veut délibérément l’affaiblir pour la rendre inopérante comme elle l’est effectivement, à l’œil nu. On en fait carrément une justice au plus offrant, délabrée, et nettement inaccessible aux plus modestes.
Le dysfonctionnement répété d’une magistrature ne fait qu’exposer la société à l’anarchie, le chaos, la débandade, et le qui-vive, on le sait bien. Ce n’est pas possible. On ne peut pas jouer au malin plaisir d’entraver le fonctionnement de la chaîne pénale tenue, au contraire, d’être vivement fonctionnelle 24 heures sur 24. Voudrait-on enfin instaurer le « chacun pour soi » ou même revenir à la loi du Talion ? Hélas ! Quelle société !
Les magistrats comprennent la nécessité impérieuse de pouvoir mieux s’assumer pour mieux s’identifier et mieux faire devant cette magistrature infructueuse, vilipendée, et visiblement en agonie.
Le RENAMAH, l’APM, l’ANAMAH, le CHAIFEJ, l’AJUPHA, le COMADH, pour n’en citer que ceux-là, entendent absolument faire front commun pour partir ouvertement en guerre contre tout ce qui fait obstacle à l’existence d’une Magistrature haïtienne vraiment digne de son nom. En ce sens que, parler d’un Magistrat ne sera aussitôt que se référer à un agent aussi prestigieux que respectable qui devra se faire la référence sûre qui fait besoin en toutes circonstances.
Révolu, le temps où le magistrat doive se retrouver à exercer dans un taudis ou un local nettement inapproprié, avec les mains vides, sans même un bouquin de référence, et des infrastructures conformes aux réalités du moment.
Échu, le moment où le magistrat doive être objet de traitement discriminatoire et disparate, rien que pour réduire la performance de la Magistrature qui se perdra dans la confusion et l’indisponibilité à n’en plus finir.
Les législateurs l’ont bien compris en nous laissant la fameuse Loi du 27 novembre 2007 portant statut de la Magistrature qui fixe définitivement le mode de traitement égal pour tous les magistrats à grade et niveau identiques, sans la moindre discrimination de traitement entre magistrats assis et magistrats debout.
Finis, des magistrats qui indisposent la société ! Anathèmes, les magistrats mercantiles, insouciants, et non respectueux de leurs obligations ! Terminés, les magistrats qui ne vivent que dans la crasse, ou de transactions louches, et je m’en passe.
Oui, cessons d’avilir la Magistrature. Soyons des fonctionnaires responsables et distingués qui inspirent crainte et respect plutôt que peur et méfiance.
Et recouvrons pleinement notre dignité de magistrat qui s’effrite déjà à de si grandes bouffées au point qu’il n’en reste plus rien.
Auteur : Me. Fritznel HECTOR, commissaire du Gouvernement de Hinche