Entre 1770 et 1800, Victoria Montou dite Tante Toya, est originaire de Dahomey, tante de Jean-Jacques Dessalines, esclave sur l’habitation des Cahos, puis sur l’habitation caféière Henri Duclos et enfin sur l’habitation Déluger avant de devenir plus tard une héroïne de la liberté en travaillant comme soldat aux côtés de Toussaint Louverture. 

Victoria Montou a largement contribué à la construction de la personnalité de Jean-Jacques Dessalines, considéré aujourd’hui comme le père fondateur de la nation haïtienne. La contribution de Victoria Montou dans l’éducation de Jean-Jacques est si grande que Dessalines, devenu Empereur, en témoignera lui-même publiquement. C’est une charge qui a été attribuée à Toya par la mère de Jean-Jacques avant de mourir.

Tante Toya a en effet enseigné à son neuveu l’histoire de leurs ancêtres africains, la culture africaine, les idées révolutionnaires, la liberté, le combat au corps à corps et le lancer de couteau. Un enseignement jugé dangereux par Henri Duclos qui observait de très près la pédagogie de Victoria Montou et la motivation du très jeune Jean-Jacques à apprendre. Pour Duclos, si Jean-Jacques est formé à ce niveau, ce sera une menace pour sa sécurité personnelle et pour la sécurité de Saint-Domingue. C’est ainsi qu’il décide de transférer Victoria Montou sur l’habitation Déluger et de vendre Jean-Jacques à un affranchi noir lui-même propriété d’un colon blanc français, un certain « Des Salines » dont Jean-Jacque portera le nom plus tard.

Arrivée sur l’habitation Déluger, Victoria Montou remarque qu’une révolte d’esclaves n’était pas loin de se produire et qu’il manquait seulement un leader. C’est ainsi qu’elle prendra la tête d’une cinquantaine d’esclaves qui se soulèveront plus tard. Accusée de nuire à la stabilité de Saint-Domingue, Victoria Montou est arrêtée et jetée en prison. Si Toussaint Louverture est arrêté à Saint-Domingue en juin 1802 par le général Leclerc pour être déporté en France, Jean-Jacques Dessalines est, par contre, en train de devenir le général en chef de l’Armée des Indigènes.

En janvier 1804, Haïti proclame officiellement son indépendance, et devient ainsi la Première République noire du monde, et Dessalines, le neveu de Victoria Montou est placé Gouverneur à vie du nouvel État. Le traitement réservé à Toya par un gouvernement fraichement établi et qui se construit en permanence est jusque-là acceptable, mais le rêve du Gouverneur vis-à-vis de sa tante est plus grand.

En septembre 1805, Jean-Jacques Dessalines devient Premier Empereur d’Haïti sous le nom de Jacques Ier, et Victoria Montou devient par la même occasion « Duchesse Impériale ». Mais elle est fatiguée. Le poids de l’esclavage et des travaux pénibles qu’elle a connus durant toute sa vie peut être remarqué dans ses yeux.

En juin 1805, la Duchesses Victoria Montou tombe malade. Lorsqu’on appelle Dessalines pour la maladie de sa tante, son message au médecin de la famille Mirambeau est clair: « Cette femme est ma tante, soignez-la comme vous m’auriez soigné moi-même. Elle a eu à subir comme moi toutes les peines, toutes les émotions durant le temps que nous étions condamnés côte à côte aux travaux des champs ». 

Le 12 juin 1805, Victoria Montou dite Tante Toya meurt à l’âge inconnu. On lui donne des funérailles officielles. Son cadavre est porté par 8 brigadiers de la Garde Impériale sous les ordres de Dessalines, et l’impératrice Marie-Claire Heureuse Félicité Dessalines, vêtue de noir, escortée de 2 officiers, conduit le convoi mortuaire.

Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous propose « Bayyinah Bello on Victoria Toya Montou, a woman from Dahomey; Mémoire de femmes, Victoria Montou dite Toya », disponibles en ligne.

Auteur: Charles Philippe BERNOVILLE