Le Président de la République, Jovenel Moïse, a commencé son mandat sur un terrain miné de crises. Malgré les exigences sévères de l’opposition plurielle, il y est encore et il compte bien y rester. A tort ou à raison. « Ti mari p’ap monte, ti mari p’ap desann », croit-il. Il annonce même un Gouvernement pour le début de l’année 2020 qui va certainement l’aider à diriger par décret. Car le deuxième lundi de Janvier 2020, il n’y aura pas de rentrée parlementaire.

Port au Prince, https://www.lemoirinfo.ca,  Jeudi 26 décembre 2019

Par contre, ce qui est sûr, « Nèg Banann nan » ne pourra plus diriger uniquement avec ses petits amis.  Évidemment!

De ce fait, puisqu’il n’y aura pas [plus] de Gouvernement de transition, selon toute vraisemblance, alors, qu’il s’agisse d’un Gouvernement de salut public, d’ouverture ou de consensus

, le Premier ministre devra avoir les qualités et/ou caractériels suivantes. Hors-delà, point de salut!

1-Etre crédible et intègre: Ceci pourra aider le Président de la République à assoir ses décisions sur le dos de son Gouvernement [formés de ministres, de secrétaires d’État et de Directeurs Généraux appropriés…] qui aura toute la confiance de la population et qui lui donnera le bénéfice du doute.

2-Etre Pragmatique et avoir la Force de caractère: Ce sera une occasion de prouver au Président qu’il n’est pas le seul maître à bord. Sans chercher à désapprouver le Président dans ses démarches, ce Premier ministre devra pouvoir dire non au Chef de l’État quand il le faut et le ramener à la barque, vers la destination, pour redresser le pays et « sauver le soldat Rayan. »

3-Etre de bonne Gouvernance et du leadership institutionnel: Ceci n’est un secret pour personne. L’Administration publique est en lambeau: gaspillage et dilapidation des deniers publics de tout bord…Ce Premier ministre doit avoir une bonne connaissance de l’Administration publique et un bon sens de leadership institutionnel pour pouvoir donner des résultats et procéder à une réforme de l’Administration publique, dans les règles de l’art.

4-Etre d’un Esprit d’ouverture et de capacité de dialogue global. À l’heure où le pays est déchiré et où tous les groupes, tous les partis et toutes les couches campent sur leurs positions, il nous faut quelqu’un qui soit capable de rassembler toutes les filles et tous les fils de la Nation pour dialoguer, honnêtement et sincèrement, pour sortir le pays du chaos. Au Premier ministre de jouer. Évitons le déterminisme.

5-Avoir une grande maîtrise de l’Économie et le sens des priorités: Le pays va mal, c’est sûr. Son économie, déjà en mal-en-point, vient d’être encore secouée par les dernières crises sociologiques, non résorbées jusqu’à date, et dont on vit les séquelles réelles, quotidiennement. Alors, un aventurier, peu connu et méconnu du secteur des affaires et de l’Économie du pays ne pourra qu’enfoncer dans le mal et permettre au PM de se cacher derrière son petit doigt et regarder le pays s’écrouler…

Car, face aux différents défis se trouvant dans les domaines de L’Éducation, de la Santé, de l’Agriculture, du Tourisme, de la Culture, de l’Environnement, de la Diaspora, de la Diplomatie, de l’Intérieur du pays, de l’Économie et du Commerce, de la Jeunesse, de la Famille et surtout de la Justice et de la Sécurité publique…, le Premier ministre devrait pouvoir prendre sa croix et comme la femme aux yeux bandés, prendre des décisions importantes et impopulaires.

6-Avoir un grand sens de leadership relationnel: Outre la capacité de ce Premier ministre de rencontrer, de dialoguer et de discuter avec toutes les forces vives de la nation, il doit être en mesure de s’assoir avec la Communauté Internationale (CORE GROUP) sans perdre la face et traiter les grands dossiers et défendre les intérêts de la Nation Haïtienne.

7-Avoir le sens de l’Histoire: «Un peuple qui oublie son passé est condamné à répéter les mêmes erreurs» dit-on. Sans grands arguments, le Premier ministre doit pouvoir consolider ses positions et ses décisions sur l’Histoire, et non sur le fanatisme ni sur des esprits claniques. Car, il a rendez-vous avec l’Histoire.

Je crois avoir dit: pour l’Histoire, pour la politique et pour la gestion de la Cité!

Auteur : Jean Jul DÉSAUGUSTE