Haiti, Nord, Cap Haitien, the Cathedral Notre Dame.

Qui l’aurait cru, se demande plus d’un que l’orchestre Tropicana d’Haïti a choisi de faire déhancher la population au lieu de souligner dans sa meringue carnavalesque 2020, la fondation de la ville du Cap-Haïtien et les 200 ans de la mort du Roi Henri Christophe. «Nan prese pou fè bagay» Tropic a rimé et rythmé sa meringue 2020 avec divers sujets sans mettre en avant la beauté de la poésie capoise et vanter la fierté de la cité christophienne.

Cap-Haïtien , https://www.lemiroirinfo.ca, Jeudi 06 Février 2020

On ne cesse de répéter que la culture est tout ce qui nous reste après avoir tout oublié ;  si c’est bien vrai, peut-on croire que Tropic est devenu aujourd’hui trop acculturé à tel point que son samba ‘’Yvon Charles’’ a jugé de ne pas immortaliser cette tranche d’histoire dans la meringue carnavalesque de 2020.

L’orchestre Tropicana d’Haïti qui se croit être le rival né de l’Orchestre Septentrional perd sérieusement des gallons et se livre dans la rusticité. Je n’ai pas encore écouté la meringue carnavalesque de l’orchestre Septentrional. Je prends mes distances pour ne pas faire une comparaison entre ces deux ténors de la musique haïtienne.

L’orchestre Tropicana a fait école. Elle est une référence en matière musicale pour les générations montantes. Cependant, Tropic est passé complètement à côté des événements historiques et touristiques de l’année 2020.

Le monde évolue. Un vieux dicton nous dit «On ne peut pas rivaliser son maitre, son mentor, son modèle sans chercher à s’améliorer». L’élève pourrait-il dépasser son maitre tout en restant esclave des notes de cours de ce dernier ? Pour dépasser son maitre, il faut creuser, corriger, améliorer et innover. Tout élève qui s’assied sur ses lauriers après avoir quitté l’école ou un centre de formation est voué à l’échec.

Un maitre est toujours fier de parler d’un élève brillant dont il était son enseignant. La réussite cet élève augmenterait le capital marketing de l’institution, où il a fait ses premiers pas.

Sans conteste, les deux formations musicales Septentrional et Tropicana font l’honneur des gens du Nord et d’Haïti en général. Le modèle de gestion de ces deux orchestres surtout dans «la durée» devrait inspirer les dirigeants haïtiens et les jeunes qui aimeraient se lancer dans les affaires.

«Tropic fè bagay» montre à quelle vitesse que la dégringolade progresse dans ce pays et de trouver des gens soucieux de rester un exemple pour la défense de la cause populaire devient efflanquer.  En 10 minutes et 14 secondes, la version lassante du carnaval 2020 de l’orchestre Tropicana titré: «Tropic fè bagay» est meringue de cacophonie sans harmonie.

Tropicana; cette formation musicale qui était considérée dans le temps comme prestigieuse aux yeux du monde entier s’enfonce dans le déclin. Les mélomanes de la bonne musique et les fans avisés de cet orchestre doivent lancer une mise en garde aux dirigeants pour freiner ces dérives.

Les capois fiers de leur orgueil des gens du Nord historique et touristique n’attendaient pas à une meringue carnavalesque de ce niveau. Ils attendent plutôt de leur idole « chouchou » un carnaval à la hauteur des 57 ans de Tropicana et d’une mélodie retraçant les faits historiques des 350 ans de la fondation de la ville de Cap-Haitien et la mise en valeur des prouesses du Roi Henri Christophe pour commémorer les 200 ans de sa mort.

J’ai écouté et réécouté un carnaval sans fond ni forme. Je ne suis pas un spécialiste dans le domaine musical mais je suis apte à distinguer une mélodie d’une cacophonie. C’est cette cacophonie sans harmonisation que notre très respecté «Orchestre Tropicana» nous offre en 2020. Je dirais que les dérives aillent trop loin.

«Tropic fè bagay» ne se mesure pas aux prouesses accomplies par cette formation musicale ni aux attentes des mélomanes à ce triple événement. Il faut redresser la barre. Un patrimoine est en voie de disparition.

La conscience de ses dirigeants et ses adeptes doit se réveiller. Le Maestro Tiblanc doit comprendre que quelque chose ne fonctionne pas. Il doit prendre conscience de cette dérive infernale. Et, elle est inacceptable. Il doit comprendre qu’un patrimoine est un bien commun. Les fanatiques avisés et mêmes les «Djokannel» ne s’attendent pas à associer «Tropic fè bagay» à notre patrimoine musical (Tropicana d’Haïti).

Si une image en vaut mille mots comment va-t-on lier les paroles et le clip vidéo de ce carnaval ? Quelle leçon les jeunes pourraient tirer cette meringue ? Si n’est qu’au début, qu’il y a eu quelques vers séduisants. Puis pour le reste, ce n’est que des «Voye monte» de la cacophonie sans harmonie, ni poésie et inspirations liées au contexte de cet événement culturel et historique.

Que peut apprendre un enfant (e) en bas âge qui ignore l’histoire de cette ville touristique et historique, dénommée la cité Christophienne, en écoutant cette meringue? Où est passé le Ministère de la Culture et de la Communication dont la mission consiste à préserver le patrimoine culturel ?

Auteur : Quetony SAINT-VIL