La décision des membres de l’opposition d’arrêter la programmation des manifestations aux heures de cours devient une source d’inspiration. Les idées sont partagées. Le jeune Patrick Orelus plaide une opposition authentique et unifiée autour d’un objectif commun visant la bonne gouvernance et le l’intérêt collectif.
Port au Prince, https://lemiroirinfo.ca, Mardi 07 janvier 2020
L’opposition haïtienne a pris la bonne décision de laisser les enfants reprendre le chemin de l’école ; bravo ! Mais il lui reste beaucoup à faire pour qu’elle soit hégémonique dans les esprits.
Qui l’aurait pensé ? Qui l’aurait cru ? Personne ne s’attendait à ce que l’opposition haïtienne mette fin si vite à la période critique, chaotique, «PEYI LÒK» qui avait causé tant de douleurs dont les séquelles auront perduré. Après environ trois (3) mois d’incessantes manifestations qui avaient empêché certains enfants de certaines écoles et dans certaines zones de se rendre à l’école, l’opposition a finalement ordonné que les activités solaires se reprennent.
C’est une bonne décision ! J’ose même croire que les forces qui constituent cette opposition commencent à se vouloir être une force plus constructive.
COMPLIMENTS à vous, Opposants !!!
Mais si vous voulez être trônés dans l’esprit haïtien, il y a d’autres choses qui doivent être faites.
En d’autres termes, pour que les forces opposantes haïtiennes soient imposantes et s’imposent aux haïtiens, de partout, de telle sorte qu’ils s’en accommodent, volontairement ou involontairement, les partis politiques, les différentes personnalités et les individus qui les constituent doivent changer leur perception des choses; on sera alors plus forts, plus forts qu’on ne l’a été, il y a quelques mois.
En effet, récemment, avec ses manifestations répétées dans tout le pays, même à l’échelle internationale, l’opposition haïtienne avait impressionné tout le monde ; elle était puissante ! Les milliers de personnes qui gagnaient tous les jours les rues en étaient la preuve.
L’Occident, les organisations internationales, comme l’ONU, avaient même dépêché des diplomates en vue de trouver une solution négociée à cette crise qui s’envenimait de plus en plus. Aujourd’hui, le pays est un peu paisible. Que peut-on dire donc?
L’opposition haïtienne a-t-elle perdu de ses forces, en raison notamment de la neutralisation de certains de ses hommes forts et l’achèvement du mandat de quelques élus ? On s’en passe, on y reviendra plus tard. Ce qu’il faut surtout retenir : l’opposition a fait un saut en avant, elle a devancé le président. N’était-ce pas toujours le cas ?
Toutefois, il faut reconnaître que l’opposition est un peu affaiblie. Comment peut-elle donc renforcer ses stratégies, en trouver d’autres, ou plutôt y ajouter quelques-unes qui soient plus rationnelles et plus humaines, en vue de combler ses faiblesses ?
Les décisions suivantes s’imposent :
1. S’asseoir, organiser des séances d’autocritique ;
2. Renforcer son Conseil directeur (s’il y en a un) tout en se désignant un leader ;
3. Continuer à encourager la reprise des activités scolaires tout en s’y donnant à fond ;
4. Désigner ou élire un (e) dirigeant (e) dans (ou pour) chaque commune et chaque département, voire chaque section communale. Chaque leader veillera au bon fonctionnement de la branche de l’opposition de son département, ou de sa commune, ou encore de sa section communale ;
5. Mieux organiser et coordonner ses activités ;
6. Réviser, modifier certaines stratégies de lutte, comme la suspension temporaire des activités scolaires. Les activités scolaires suspendues dans un pays, pendant que d’autres fonctionnent, çà pourrait faire penser que le groupe qui en est à l’origine ne pense pas pays, puisque l’éducation c’est l’avenir, la vie d’un pays, de ses fils et filles ;
7. Lors des manifestations, repérer des points ou endroits clés où on peut occuper sereinement, point besoin de bloquer tout le pays ;
8. Ne pas se focaliser uniquement sur la vie politique. Il est vrai, quand on parle de la politique on parle en même temps du social, de l’économie, mais en Haïti, qu’on veuille l’entendre ou pas, rares sont les partis politiques qui s’investissent dans la formation des jeunes, du peuple, qui organisent des activités où on offre aux jeunes des métiers. C’est une erreur grandissime ;
La politique n’est pas seulement la militance, c’est aussi et avant tout l’efficience. Quel que soit le parti politique, il doit cesser de prioriser la militance sur la compétence. Nous ne disons pas que la militance n’est rien ou n’est pas grand-chose, loin de là, mais il faut qu’on donne des formations à tous ceux-là qui entrent ou qui désirent investir l’arène politique. Car, il y a des choses dans la vie qui suscitent tellement d’émotions, si on n’est pas à même de les contenir, maîtriser, en d’autres mots si on n’a pas appris à les contrôler, elles peuvent nous faire comporter, comme si nous étions retournés à l’état de nature ;
9. Œuvrer à une fusion, une alliance véritable des partis qui la constituent. Trouver préalablement un terrain d’entente sur ce qui doit être fait et qui doit le faire, au sein de l’opposition, lors des manifestations. Et surtout, respecter les biens publics et privés.
En dernier ressort, il serait bon qu’un jour les partis politiques de l’opposition forment une coalition et envoient seulement un (e) ou deux candidats (tes) aux élections. Ainsi, ils se mettraient tous derrière ce ou ces candidats. Ne pourrait-il pas surprendre tout le monde un jour et s’attirer la sympathie de bon nombre de personnes?
Il est inconcevable, inadmissible que l’opposition avec toutes les structures qui la composent ne puissent gagner des élections.
Opposition, transforme-toi et gagne !
Patrick ORÉLUS