Une résolution a été prise en conseil des ministres du 06 octobre 2022 pour demander la communauté internationale à envoyer des forces militaires pour aider le pays à faire face aux gangs armés et à la crise humanitaire et surtout des révoltes des derniers jours.  

Port-au-Prince, https://www.lemiroirinfo.ca, Samedi 08 Octobre 2022

Le gouvernement Henry a rendu public la résolution prise en conseil des ministres, jeudi 6 octobre 2022, sollicitant le « déploiement immédiat » d’une force spécialisée armée en Haïti pour stopper la crise humanitaire causée, entre autres, par l’insécurité résultant des actions criminelles des gangs et de leurs commanditaires.

« Le Conseil des ministres donne mandat au Premier ministre Ariel Henry pour :

1- Solliciter et obtenir des partenaires internationaux d’Haïti un support effectif par le déploiement immédiat d’une force spécialisée armée en quantité suffisante pour stopper, sur toute l’étendue du territoire, la crise humanitaire causée, entre autres, par l’insécurité résultant des actions criminelles des gangs armés et leurs commanditaires ;

2- Parvenir rapidement à un climat sécuritaire devant permettre de lutter efficacement contre le choléra, de favoriser la reprise de la distribution du carburant et de l’eau potable à travers le pays, le fonctionnement des hôpitaux, le redémarrage des activités économiques, la libre circulation des personnes et des biens et la réouverture des écoles,

3- Mettre en place une commission interministérielle chargée de produire rapidement un document définissant l’ensemble des actions indispensables à entreprendre parallèlement en vue de rendre durables les initiatives qui seront prises. Il demeure entendu que le Premier ministre en fera rapport au Conseil des ministres », peut-on lire dans  un numéro spécial Le Moniteur # 29, en date du vendredi 7 octobre 2022, libellé « la résolution du conseil des ministres autorisant le Premier ministre à solliciter un support international pour faire face à la crise humanitaire ».

Le Conseil des ministres, dans son argumentaire pour soutenir sa décision, a indiqué être :

« Alarmé par les risques d’une crise humanitaire majeure due au brusque constat de la résurgence du choléra, ajoutée à la détérioration accélérée de la situation sécuritaire sur toute l’étendue du territoire national;

Considérant que le blocage des terminaux pétroliers par les gangs armés ont des conséquences catastrophiques sur le fonctionnement des hôpitaux obligés de fermer leurs portes, sur la disponibilité d’eau potable, sur les écoles qui n’arrivent pas à accueillir les élèves et sur l’approvisionnement des villes en denrées alimentaires ;

Considérant que cette crise humanitaire menace la vie de beaucoup de nos compatriotes et, en particulier les plus démunis qui vivaient déjà dans la précarité et l’insécurité alimentaire ;

Considérant qu’il est impératif de redémarrer des activités afin d’éviter l’asphyxie complète de l’économie nationale ;

Soucieux de poursuivre les démarches visant à créer un climat propice à l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives, en vue  de remettre en place les institutions démocratiques et de transférer la direction des affaires du pays a des élus librement choisis par le peuple haïtien; 

Considérant qu’il est impérieux de mettre un terme à ces dérives dangereuses, afin de rétablir l’autorité de l’État et de faire respecter les lois de la République. »

Pour le moment, Le Nouvelliste n’a pas pu avoir d’information sur l’entité à laquelle la demande a été adressée. « Ce n’est pas la chancellerie qui décide d’une demande d’aide. Cette décision relève plutôt de la compétence du Conseil des ministres qui décidera des canaux à utiliser pour la transmission de la demande », a répondu au journal vendredi matin le ministre des Affaires étrangères, Jean Victor Généus.

Selon une dépêche de l’Associated Press (AP), un fonctionnaire, qui n’était pas autorisé à parler de la question publiquement, a déclaré qu’une demande formelle par écrit n’a pas encore été soumise.

Il n’a pas été précisé si la demande impliquerait l’activation des troupes de maintien de la paix des Nations Unies, dont la mission a pris fin il y a cinq ans après 11 années difficiles en Haïti.

Le porte-parole adjoint du Département d’État américain, Vedant Patel, a déclaré vendredi que les États-Unis étudiaient une demande de corridor humanitaire pour rétablir la distribution de carburant en Haïti et qu’ils se coordonnaient avec le Premier ministre haïtien et d’autres partenaires internationaux pour déterminer la meilleure façon de fournir une aide supplémentaire, peut-on lire dans cette dépêche de l’AP.

« Nous condamnons fermement ceux qui continuent à bloquer la distribution de carburant et d’autres produits de première nécessité aux entreprises haïtiennes », a-t-il déclaré.

M. Patel n’a pas voulu aborder la question de savoir d’où pourraient venir les troupes chargées de faire respecter le corridor, précisant que cette réflexion n’en était qu’à ses débuts, selon AP.

La demande formelle du gouvernement haïtien est intervenue après le tweet jeudi de Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des États américains, indiquant « qu’Haïti doit demander l’aide urgente de la communauté internationale pour aider à résoudre les crises de sécurité, déterminer les caractéristiques de force de sécurité internationale ».

La police nationale d’Haïti a eu du mal à contrôler les gangs avec ses ressources limitées et son sous-effectif chronique, avec seulement quelque 12 800 agents actifs pour un pays de plus de 11 millions d’habitants.

Les gangs n’ont fait que gagner en puissance depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021.

Mercredi, le bureau du coordonnateur résident et humanitaire des Nations unies en Haïti a proposé un « couloir humanitaire » pour permettre l’acheminement de carburant et d’aide aux personnes dans le besoin. Il a noté que le pays est également confronté à une nouvelle épidémie de choléra, avec plusieurs décès signalés et des dizaines de patients traités.

« Les personnes les plus vulnérables sont les premières à souffrir du blocage», a déclaré l’ONU.

Au moins 13 dirigeants du Congrès américain ont exigé que l’administration du président américain Joe Biden cesse de montrer qu’elle soutient Henry et suspende toutes les expulsions « étant donné les risques extrêmes pour la sécurité physique et la situation humanitaire désastreuse ».

Les signataires ont appelé le gouvernement américain à soutenir « les efforts légitimes pour créer un gouvernement haïtien de transition qui respecte la volonté du peuple haïtien, et devrait faire comprendre à Henry qu’il ne le soutiendra pas s’il bloque les progrès », peut-on lire dans cette dépêche de l’AP.

Source : Le nouvelliste et la rédaction