
Ce 18 Mai encore, plein d’enthousiasmes, de gaités et de joies montrent l’émotion ou le courage d’un peuple face à une insécurité formalisée qui, en majeure partie, détruit son sentiment patriotique. Sous les auspices du désespoir, ces innocents continuent de danser, de chanter dans la frousse. Ils font semblant d’être en fête, tandis que leurs esprits se trouvent ailleurs où leur avenir est fragilisé. Alors, ils savent bien où, ils nous emmènent et la situation qu’ils nous ont créée suffit pour anéantir tous nos sens. À juste titre, nous ne pouvons ni penser, ni réagir voire comprendre leur jeu. À ce moment-là, nous sommes obligés de piaffer aux premiers sons dissuasifs de leurs tambours; des morceaux pastichés dans d’autres cultures nous font oublier les nôtres, pour eux, c’est un moyen d’apaisement.
Le sens symbolique du bicolore semble rougi par le sang des gangs armés et à costumes. Je vois en vogue à travers la rue de Cap-Haïtien le bleu et rouge, mais portés pour essuyer les sueurs des gens qui viennent danser dans la boue de la peur et de la misère. Des morceaux grivois que les fanfares viennent t’interpréter sont plus acclamés que ceux qui feraient danser les héros. J’ai entendu des discours monotones et hypocrites mais bien articulés ne donnant pourtant aucun intérêt de prendre en considération.
Si nous avons la moindre prétention que nous sommes un peuple éduqué ou intelligent, il est grand temps de n’en être plus fiers, parce que cette intelligence ou cette éducation ne nous servent à rien. Alors, nos problèmes ne peuvent pas être résolus par nous-mêmes, car des prétendus intellectuels et aussi politiciens du pays n’arrivent même pas à s’unir au point que les étrangers les réconcilient conjoncturellement comme des élèves par leur maîtresse. Cette mouvance n’a rien à voir au sens de l’histoire du symbole de l’identité culturelle de notre pays. Tout se fait pour distraire ou pour justifier les moyens.
Si le mas le plus haut cesse d’exister à l’Arcahaie ou le drapeau ne peut pas flotter sur toute l’étendue du territoire, c’est une honte, puisque nous accommodons trop facilement à l’indifférence et l’acceptation. Si nous sommes contraints d’aller à l’Arcahaie les 18 mai, ce bicolore ne flotte nulle part, Si nous ne pouvons pas y aller, c’est comme si nous fêtons en cachette. Et, si nous perdons le sens historique de cette nation, nous devons reconstruire nos cerveaux vidés par l’Occident.
Cap-Haitien le 18 Mai 2024, Pierre Modelin JEUNE, Juriste et Philosophe Politique