
Au terme de plusieurs semaines de négociations et au prix de quelques concessions, Ottawa a réussi à s’entendre avec Québec pour déterminer quels demandeurs d’asile pourront bénéficier d’une résidence permanente, a appris lemiroirinfo de Radio-Canada.
Ottawa, htpps://www.lemiroirinfo.ca, Jeudi 13 Aout 2020
Les demandeurs d’asile ayant offert des soins aux patients au plus fort de la pandémie de COVID-19 pourront obtenir dans les prochains mois une résidence permanente par le biais d’un programme fédéral temporaire de régularisation.
Toutes les catégories d’emploi ne sont pas visées. On parle uniquement des demandeurs ayant donné directement des soins aux patients, au plus fort de la pandémie, tels les préposés aux bénéficiaires, les infirmières, les aides-infirmières, les aides-soignants ou encore les aides de service.
Ces demandeurs d’asile devront avoir travaillé dans des établissements de santé, comme les CHSLD, les hôpitaux ou encore les résidences privées. Les travailleurs issus d’agences de placement sont également concernés, tout comme ceux effectuant des soins à domicile.
Ce programme pancanadien de régularisation sera annoncé ce vendredi matin à Montréal par le ministre fédéral de l’Immigration, Marco Mendicino.
Les critères d’admissibilité
- Avoir demandé l’asile avant le 13 mars et avoir obtenu un permis de travail;
- Avoir travaillé dans le secteur des soins de santé, dans des établissements de santé;
- Avoir travaillé, en fonction des critères ci-dessus, au moins 120 heures entre le 13 mars et le 14 août 2020;
- Posséder 6 mois d’expérience, en fonction des critères ci-dessus. Les candidats auront jusqu’au 31 août 2021 pour cumuler cette expérience;
- Répondre aux critères d’admissibilité liés à la résidence permanente, en matière notamment de sécurité et de santé.
Ottawa a dû revoir ses plans
Cette mesure est dans l’air depuis la fin mai. Justin Trudeau avait alors salué des gens extraordinaires qui font un travail héroïque. Initialement, comme l’avait révélé début juin Radio-Canada, le gouvernement libéral avait envisagé un programme de régularisation avec une accessibilité plus large.
L’ensemble des demandeurs d’asile œuvrant dans le domaine de la santé, en incluant par exemple les agents de sécurité et le personnel chargé de l’entretien ménager, étaient visés. Cette idée avait d’ailleurs été chaudement saluée par le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique.
Mais ce ne sera finalement pas le cas. Ottawa a revu ses plans, au terme de plusieurs semaines difficiles de négociations, afin de trouver un terrain d’entente avec le gouvernement du Québec, qui s’est opposé, en coulisses, à une telle ouverture.
Bien que le gouvernement fédéral ait le pouvoir d’accorder la résidence permanente, l’équipe de Justin Trudeau souhaitait néanmoins trouver un accord avec le gouvernement Legault – la majorité des demandeurs d’asile concernés se trouveraient au Québec – plutôt que d’avancer unilatéralement dans ce dossier, afin de ne pas envenimer les relations avec son homologue provincial.
Par ailleurs, en vertu d’une entente en immigration, Québec doit aussi délivrer un certificat de sélection du Québec (CSQ), d’où la nécessité, pour Ottawa, de s’entendre avec le gouvernement Legault.
De son côté, Québec, qui proposait en mai de traiter ces dossiers au cas par cas, a lâché lui aussi un peu de lest. Alors que le premier ministre Legault évoquait dans un premier temps une régularisation des demandeurs d’asile travaillant dans les CHSLD, ce programme sera finalement ouvert à ceux embauchés dans n’importe quel service de santé.
La famille immédiate concernée
Ce programme de régularisation vise à la fois les demandeurs d’asile en attente d’une décision de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, mais aussi ceux ayant vu leur demande être rejetée et qui ont décidé de rester au Canada. Tous les membres de la famille immédiate – conjoint(e) et enfant(s) – d’un candidat pouvant bénéficier de ce programme pourront recevoir eux aussi une résidence permanente, qui permet de vivre et travailler partout au Canada.
Près d’un millier de personnes
Depuis le début de la pandémie, plusieurs manifestations ont été organisées, des organismes et des avocats en immigration ont aussi élevé la voix, afin de presser les deux gouvernements de s’entendre, puisque des anges gardiens, le surnom que leur a attribué François Legault, étaient menacés d’expulsion.
L’ouverture de ce programme, d’une durée de plusieurs mois, devrait se faire dans les prochaines semaines. Le nombre de personnes concernées, à l’échelle du pays, serait aux alentours d’un millier de personnes.
Auteur: Romain Schué de Radio Canada