Montréal, https://www.lemiroirinfo.ca, Dimanche 24 Avril 2021
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne «Il est temps de mettre fin à cet interminable arriéré qui ne fait que grossir de jour en jour, empêchant d’un côté les immigrants de longue date de s’insérer de façon permanente dans la société dans laquelle ils vivent depuis plusieurs années et de l’autre, d’attirer et de retenir les nouveaux immigrants que le Québec convoite», écrivent les auteurs.
Charles Dubois et Thibault Camara.
Madame la Ministre Nadine Girault, nous sommes ici, au Québec, nous sommes francophones, et nous avons fait le choix de nous établir ici. Le Québec nous a sélectionnés pour notre apport économique, pour ensuite nous oublier.
Nous sommes ingénieurs, médecins, infirmières, institutrices, gestionnaires, entrepreneurs, spécialistes en TI… et nous avons tous choisi le Québec il y a plusieurs années déjà.
Nous avons été formés par les universités québécoises, et ou travaillons depuis des années au service de l’économie québécoise. Comme entrepreneurs, nous innovons, comme professionnels de la santé, nous apportons aide et réconfort aux Québécois, comme professionnels en technologie de l’information, nous soutenons des parties critiques des systèmes informatiques des entreprises et même du gouvernement grâce à nos compétences de pointe, comme travailleurs, nous participons à la croissance des entreprises d’ici.
À la suite du programme de l’expérience québécoise (PEQ), l’inventaire des demandes de résidence permanente dans la catégorie des travailleurs qualifiés du Québec contient plus de 85 % de personnes déjà présentes au Québec, et ce, depuis des années. Nous sommes ces personnes qui ont été sélectionnées par le Québec et nous attendons la résidence permanente depuis 6, 12, 18, 24, 36 mois, voire plus, pour la simple raison que les quotas d’admission établis par votre gouvernement empêchent le gouvernement fédéral de traiter, mais aussi de nous octroyer notre résidence permanente, puisque celui-ci se doit de respecter l’accord de 1991.
Le slogan de votre gouvernement « En prendre moins et en prendre soin » ne s’applique pas à nous. Nous n’avons pas besoin de services de francisation, ni d’intégration ; nous parlons français couramment et sommes intégrés, le plus souvent depuis plusieurs années. Nos enfants sont scolarisés, et beaucoup d’entre eux n’ont même rien connu d’autre que le Québec. Dans certains cas, nos conjoints sont Québécois.
Permettez-nous de vous poser une question, Madame la Ministre : ne trouvez-vous pas cette situation absurde ? Vous nous avez sélectionnés à travers le PEQ justement parce que nous étions intégrés, francisés et qualifiés pour, par la suite, nous bloquer dans le processus d’immigration, nous empêchant de nous ancrer de façon définitive et durable dans notre vie ici.
Madame la Ministre, il est temps que votre gouvernement se rende compte que la plupart des immigrants présents dans l’arriéré des demandes de résidence permanente ne sont pas de nouveaux arrivants. Vous ne devez pas attendre une nouvelle programmation triennale de l’immigration fin 2021 pour prendre une décision. Il est temps de mettre fin à cet interminable arriéré qui ne fait que grossir de jour en jour, empêchant d’un côté les immigrants de longue date de s’insérer de façon permanente dans la société dans laquelle ils vivent depuis plusieurs années et de l’autre, d’attirer et de retenir les nouveaux immigrants que le Québec convoite. Supprimez les quotas d’admission pour les demandeurs issus du PEQ et déjà présents au Québec, et instruisez-en Ottawa afin qu’il traite ces dossiers en urgence.
Sans indication claire sur les quotas d’admission dans cette catégorie, le jeu de « ping-pong » politique entre les deux gouvernements continuera éternellement et c’est nous, les immigrants attendant nos résidences permanentes depuis plusieurs années, qui en sommes les victimes, ainsi que nos enfants. Ne serait-il pas temps, d’ailleurs, de ne plus compter les personnes détenant un CSQ et déjà présentes au Québec dans les quotas d’admission ?
Il est maintenant temps d’agir. Cet inventaire des demandes des travailleurs qualifiés sélectionnés par le Québec est le résultat de nombreuses années de mauvaise gestion du programme, dont vous avez en grande partie hérité. Vous avez par contre le pouvoir de le résoudre une bonne fois pour toutes et de mettre sur un seul pied d’égalité notre belle province avec le reste du Canada.
Nous n’avons pas besoin de services d’intégration ni de francisation Madame la Ministre, mais de notre résidence permanente pour achever notre intégration !
* Le groupe et la page Facebook L’interminable attente des AR par les demandeurs de RP, via TQQ, représente approximativement 6000 personnes détenant un CSQ et ayant déposé une demande de résidence permanente.
Avec le devoir