L’étudiant finissant de l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince, Gregory Saint-Hilaire, a été assassiné au sein de sa Faculté, ce vendredi 02 Octobre 2020. Ce jeune cadre de l’enseignement participait à un mouvement visant à exiger l’intégration des protestataires dans le système éducatif haïtien selon un protocole établi entre le ministère de l’éducation nationale de la formation professionnelle et cette faculté de l’Université d’État d’Haïti (UEH).

Port-Au-Prince, https : //www.lemiroirinfo.ca,  Samedi 03 Octobre 2020

En effet, le jeune a été atteint mortellement par les balles assassines des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) déployés sur place pour rétablir l’ordre.

Une  perte qui révolte, le professeur Sonet SAINT LOUIS, lui aussi, il a été étudiant à l’École Normale Supérieure (ENS) et il exprime ses désaccords dans ce texte,

 « Priye pou Grégory ! Femen sekey la ! Kite’l ale » dont une copie a été soumise a la rédaction du journal lemiroirinfo.ca.

C’est pour la première fois dans l’histoire de notre pays qu’un étudiant est exécuté à l’enceinte  d’une faculté alors qu’il réclamait son droit au travail et à la vie. On profane un haut-lieu du savoir. Le pouvoir devient de plus en plus irresponsable, comme le sont ses supporteurs inconscients. On veut purement et simplement anéantir l’autorité du savoir.

Les intellectuels de notre nation digne de leur nom ne doivent pas abandonner les jeunes comme des capitaines qui fuient leurs soldats blessés sur le champ de bataille. La solidarité s’impose.

Grégory est tombé sous les balles assassines d’un agent de l’ordre, chargé de protéger les vies. La vie n’est plus sacrée, même pour ceux qui ont reçu la mission de la faire respecter.

Baignant dans son sang pendant plus de cinq heures sur la cour de l’École normale supérieure, aucun employé  du Centre ambulancier national n’est venu à  son secours. Aucun soin ne lui  a été prodigué. Abandonné comme un chien sans maître, il a fini par rendre l’âme sous les yeux impuissants de ses camarades atterrés. Quel  triste sort que celui réservé  à  la jeunesse d’un pays ! Quelle horrible tragédie humaine que celle de la disparition de ce jeune universitaire, cette semence de l’espoir. Il est parti avec toute l’envie de vivre, après avoir courageusement refusé les malheurs qui lui ont été imposés.

Cette scène d’horreur est celle de la décadence d’une société déchue, sans humanité. L’horreur des jours va se succéder avec son cortège de morts.

Si rien n’est fait dans l’immédiat pour stopper cette machine infernale, d’autres étudiants et professeurs  connaîtront le même sort tragique. Il ne fait aucun doute que pour lui et pour tous ceux qui ont été froidement exécutés,  l’enquête va se poursuivre et plus rien. Dans une société d’arbitraire et d’impunité, l’État de droit ne peut exister.  Aussi devient-il contradictoire d’exiger  que la justice soit rendue. Trop de morts, trop de personnes assassinées sans pouvoir espérer qu’un jour justice soit rendue à leurs familles.

Cessez de pleurer quand il n’y a plus  de larmes à verser ! Protestez ! Crachez votre sainte colère ! Dressez la liste  des victimes et postez-la à l’adresse des génocidaires et  des assassins en attendant que l’État de droit revienne ! Portez le deuil jusqu’à la victoire finale !

« Kite l  ale » ne veut  pas dire qu’on accepte ce tragique événement avec docilité. « Laissez-le partir » est, pour nous, une façon d’affermir notre espérance dans la rédemption  prochaine de notre petite  patrie qui doit donner à chacun de nous et à moi-même, une raison de croire,  d’espérer. Retrouvons le souffle de nos ancêtres et celui de tous les martyrs !

 « Prye pou Grégory, Kite l ale! ». Ramassons le drapeau !

Me Sonet Saint-Louis av

Ancien diplômé en philosophie à l’ École normale supérieure

Professeur de droit constitutionnel,

Faculté de droit et des sciences économiques, Université d’ État d’Haïti.

Faculté de droit,

2 octobre 2020

sonet43@hotmail.com, tel 37368310/42106723.