Dans la langue créole on découvre une panoplie de mots pour nommer le penis et le vagin de manière positive ou négative. Que l’on retrouve dans des conversations privées, des festivités populaires, des musiques folkloriques, du kompa. Où l’on utilise des métaphores de kann (canne-à-sucre), wòch plat gen bab (roche plate a de la barbe. Au-delà de la nomenclature anatomique des organes génitaux mâles et femelles.
Cap-Haïtien, https://www.lemiroirinfo.ca, Mardi 31 Mars 2020
Les haïtiens possèdent leur propre technique pour évoquer les organes sexuels, sans les nommer expressément. Le Phallus occupe une place prépondérante pour les garçons dans les débats quotidiens.
Dès leur plus jeune âge des enfants, les parents commencent à nommer leur sexe par des surnoms. Au lieu de dire «pénis» la jeune mère de 20 ans du bébé de six mois de Hans Pierre l’appelle ti pijon «pigeonneau» nous a-t-elle fait savoir.
Les différentes appellations du pénis en créole
Pour les puritains c’est une mauvaise chose de répéter le mot «zozo» pour désigner le pénis. C’est une sorte d’impolitesse. Parfois on utilise des mots de la nature, pour le relater: Bwa (bois) à cause son érection. On le compare avec des outils de travail: zouti (outil), manchette (machette), chaff, kanbèlann (tuyau d’arrosage), majòlenn, manche pilon, des noms d’armes ponya (poignard), pistolet. Rigwaz, bâton Moïse, koulout, tèt souke (la tête secouée), tèt san zepòl (tête sans l’épaule), Toto, Jilbriyis, toutou.
Le psychologue Cicéron James, nous explique que ces dénominations du sexe masculin avec l’image des outils nous renvoient à une question de paternaliste, de puissance.
Chachou Telus un homme de 37 ans nous raconte que «la désignation de pénis par le mot fouet Rigwaz, trouve son importance du fait que depuis on pénètre une femme, elle pousse des cris. Ça se produit de la même manière lorsqu’on frappe une personne avec le fouet» a-t-il expliqué.
Le Vagin : Caverne, Peyiba (Pays-Bas), tranche lam (morceau de châtaigne)
Le vagin, pour sa part, a de multiples jargons pour le caractériser. Pour certains, il répond au nom de: «Bouboune, cocotte, koukoune, bonbon sirop, ti pilon, chatte. Pour d’autres on préfère les termes bobori, doukounou, gras double, pour son épaisseur. Trou, danmejann (Dame-Jeanne), grotte, bien, paradis, chòbolotte, kannal ( canal), marmite».
Les avis des sociologues et des psychologues diffèrent
Le sociologue, poète Iléus Papillon, nous montre que «les mots sont des coquilles vides. Chaque société emploie des vocabulaires spécifiques pour nommer le vagin ou le pénis. Les sociétés ne possèdent pas les mêmes pratiques dans la nomination du sexe» explique-t-il.
Pour le psychologue James Cicéron «La manière que les hommes décrivent le vagin, comme un bonbon sirop, doukounou, trou nous montre clairement. C’est une relation de dominer à un fort» a-t-il fait remarquer.
Pourtant, «c’est plutôt une sorte de richesse et de créativité de la langue créole» d’après le sociologue Iléus Papillon.
Nous avons remarqué dans la littérature, dans le langage parlé on utilise les noms d’animaux, de la nature, et des termes mécaniques automobiles, pour parler du sexe dans certains pays.
Aujourd’hui, nous devons de plus en plus chercher à comprendre notre corps et à briser certains tabous sur le sexe. Devrions-nous rester silencieux ou bien de provoquer un débat sur les différents surnoms du pénis et du vagin ?
Auteur: Mackenz DORVILUS